Des économies, vraiment ?

De plus en plus de clients privés ne souhaitent plus être accompagnés durant toutes les phases de chantier. Un bureau d’architecte que pour la phase de mise à l’enquête, aucune direction des travaux, aucune étude de sol… Des économies, vraiment ?

1. Gestion des coûts et du budget

L’un des principaux défis dans tout projet de construction est la gestion des coûts. Les maîtres d’œuvre sont souvent sous pression pour respecter des budgets stricts. La délégation de mandats complets à des spécialistes peut être perçue comme une augmentation des coûts initiaux. En confiant des tâches spécifiques à des mandataires spécialisés seulement lorsqu’ils sont absolument nécessaires, les maîtres d’œuvre peuvent tenter de réduire les dépenses globales du projet.

2. Contrôle et coordination

Donner des mandats complets à plusieurs mandataires spécialisés peut compliquer la coordination et la gestion du projet. Le maître d’œuvre peut préférer garder un contrôle centralisé pour assurer une meilleure synchronisation des différents aspects du projet. La multiplication des intervenants spécialisés nécessite une gestion rigoureuse et une communication efficace pour éviter les retards et les malentendus.

3. Complexité administrative

La gestion des mandats pour plusieurs spécialistes implique également une augmentation de la complexité administrative. Les contrats, les rapports et les réunions de coordination augmentent en proportion du nombre d’intervenants. Pour simplifier les processus administratifs et réduire la bureaucratie, les maîtres d’œuvre peuvent limiter les mandats complets aux spécialistes.

4. Expertise interne

Certaines entreprises de construction disposent de leurs propres équipes techniques et de gestion de projet internes, qui possèdent des compétences suffisantes pour couvrir partiellement les domaines de spécialisation. Cela peut réduire le besoin de mandats complets pour des spécialistes externes, les réservant pour des interventions ponctuelles ou des consultations spécifiques.

5. Responsabilité et risques

La répartition des responsabilités et des risques est une autre considération majeure. En limitant les mandats complets, les maîtres d’œuvre peuvent garder une plus grande part de la responsabilité et du contrôle sur les aspects critiques du projet. Cela peut également simplifier la gestion des risques, puisque le maître d’œuvre peut directement superviser et corriger les problèmes sans passer par des intermédiaires.

6. Normes et réglementations

Les exigences réglementaires et les normes de construction peuvent influencer la décision de ne pas attribuer de mandats complets. Dans certains contextes, les régulations locales peuvent permettre aux maîtres d’œuvre de satisfaire aux normes sans recourir systématiquement à des spécialistes externes, sauf dans des cas spécifiques où leur expertise est indispensable.

7. Concurrence et marché

Enfin, la dynamique du marché et la concurrence peuvent jouer un rôle. Dans un secteur hautement concurrentiel, les maîtres d’œuvre peuvent chercher à maximiser leur efficacité opérationnelle et minimiser les coûts pour rester compétitifs. Limiter les mandats aux spécialistes peut être une stratégie pour offrir des prix plus attractifs tout en maintenant des marges bénéficiaires.

Conclusion

En résumé, la décision des maîtres d’œuvre de ne pas donner de mandats complets aux mandataires spécialisés repose sur un équilibre complexe de considérations financières, de gestion de projet, de responsabilité, et de contraintes réglementaires. Si cette approche peut présenter des avantages en termes de coût et de contrôle, elle nécessite une gestion rigoureuse et une expertise interne solide pour garantir le succès des projets de construction.

Dyonis Cheseaux, Juin 2024